L’UNIVERS DE L’ARTISTE-PEINTRE ASMAA RYAD :
UNE RECHERCHE DE LA PAIX ET DE LA JOIE INTERNE
Décidément, l’œuvre de l’artiste-peintre Asmaa Ryad est d’un tel onirisme de rêveries incantatoires qui se matérialise en un monde de mutations et de métamorphoses. Un mode de mythe dans la théogonie de l’artiste figurative. Plus encore, c’est même le symbole de la transcendance qui peut s’interpréter comme être-médium unique, doué d’une vision spirituelle, allégorie du voyage libérateur pour l’inconscient. Pour elle, la peinture est la recherche de la paix, une joie interne d’une tranquillité de la paix.
Dans ses œuvres récentes, l’artiste-peintre Asmaa Ryad travaille des nuances de couleurs afin que celles-ci ne deviennent pas des acteurs au sens dramatique. Elle cherche même à détruire l’espace au sens traditionnel, elle le construit dans une nouvelle plastique indépendante de toute référence déjà vue. Elle travaille avec une grande rigueur les couleurs et les non couleurs pour qu’elles ne soient pas agissantes. Ainsi, elle situe les couleurs primaires dans ce qu’elles représentent habituellement, le bleu n’est plus le ciel, le rouge n’est plus sang, le jaune n’est plus lumière
En ce sens, la peinture d’Asmaa s’inscrit complètement dans cette perspective contemporaine, non conceptuelle, qui imprègne au mouvement de la figuration une nouvelle saveur libertaire. Du plus ancien des signes, du plus lointain du passé, là où des hommes ont tracé des mots de toute beauté de leurs lettres, surgit la couleur de notre temps à travers les œuvres de cette plasticienne inspirée. Elle laisse la force de la vie emporter ses mouvements. Une force qui va naître dans le regard qui s’interrompt et simplement contemple. L’œil se laisse happer par les teintes tantôt chaudes, tantôt froides, amoureusement posées sur la toile, caressées par la main à l’œuvre.
peinture qui offre le silence. Avant d’être lue, l’œuvre d’Asmaa est admirée pour sa seule beauté. Les mots peints et leur sens viendront ensuite. Il en est de même ici dans ses œuvres récentes où la toile met en silence, offre en notre mode un bloc de silence et donne de mieux voir, d’entendre autrement, d’être là, simplement, corps vibrant à la fureur et à la douceur humaines de notre temps.
Les couleurs ne sont pas en opposition mais en appel incessant : l’œil voyage, s’arrête, suit le trait puis disparaît avec lui, se retrouve, enfin surgit dans un nouvel élan. L’œil se ressaisit, regarde l’ensemble du tableau et découvre ce qu’il n’avait pas encore vu le mouvement de la toile, ce paradoxe permanent de l’immobile qui est là, ce simple panneau accroché au mur, tissé de couleurs, silencieux, arrêtant le corps qui passe dans son mouvement vers il ne sait quoi.
Là, est donné à voir ce qui était jusqu’à cet instant ignoré : une manière de montrer le monde dans ses déchirements et ses joies. Cadeau précieux pour nos yeux aveugles soudain réveillés par la beauté offerte sur ces simples toiles dont les couleurs affirment la vie, la beauté de la vie. A travers sa nouvelle série d’œuvres, Asmaa nous réunit autour de sillons de lumière qui relèvent de l’imaginaire pour créer un effet de réel, pour donner une image du monde. A l’image de cette œuvre sur le thème de la femme où elle tente ardemment, à travers des portraits de la beauté féminine à l’état brut, de soulever la grâce, volupté, la sacralité de ce corps, souillé, transgressant les frontières de genre dans la façon dont il met en scène et incarne l’histoire.
L’utilisation de la femme et quelques fois de son corps comme moyen d’expression participe à la critique des idées dominantes sur la femme en général et d’une redécouverte de soi, de l’art et des autres. Sur le visage de ses silhouettes féminines, elle essaie d’inscrire des propositions à la fois personnelles et collectives, conformes aux expériences vécues, dans leurs innombrables représentations.
Ces portraits lui permettent de personnifier une émotion ou une histoire, mettre un visage sur un ressenti, nostalgique, gai, triste ou révolté, habillé de couleurs et de matières. Et l’on peut avancer que son travail fait preuve d’une conception faite d’exigence et d’honnêteté foncière, mais aussi d’instinct immédiat, de rêve, de poésie et de fantaisie. Ces aspects s’harmonisent pour s’incarner littéralement dans la matière, le pigment, le trait et la lumière. D’autant plus qu’il s’agit d’une artiste talentueuse et inspirée, et d’une figure éprise d’art et de liberté
Avec cette plasticienne, la peinture s’affranchit de la figuration pour laisser parler la forme et la couleur. Les yeux-éponges de cette artiste, à contre-courant, nous invitent heureusement à tutoyer le silence, à gagner des territoires, à discerner ce qu’on ne voit pas mais que l’on ressent au plus profond de soi. Sans nous rendre insomniaques, elle est un phare, pas nécessairement pour nous éclairer, mais pour nous permettre de nous repérer dans des situations complexes. Pour ainsi nous dire : la parole n’est pas la seule voie pour exprimer ce qu’on a sur le cœur. Et comme le disait Victor Hugo «Comme on fait son rêve, on fait sa vie!».